De l’intérieur, j’ai vu une rue inondée. Des autos à demi immergées dans l’eau, des adultes et des enfants marchant avec de l’eau jusqu’à la taille…
Ma première réaction a été d’y voir le message que nous marchons pour un temps vers un certain nombre de bouleversements, dont l’inondation de nos rives. Ouaih…
Avec ma compagne, nous avons échangé sur cette vision. Sa première réaction: comment nous préparer à de tels défis?… Mais d’abord: où en trouver l’énergie pour nous y mettre?…
→ Regarder autrement…
Pourrions-nous susciter en nous un autre regard, qui échangerait le stress d’une vision de drame en rendez-vous de créativité?
Aussi longtemps que nous le regardons avec une perspective apeurée, isolée, alimentée par des craintes de fin du monde, c’est tout pour nous paralyser, nous isoler dans notre émotion; bref tout pour ajouter plus de malaise qu’il s’en vit déjà tout autour …et ne rien faire.
Ma compagne et moi avons imaginé des gens du voisinage qui sortent de leurs maisons, même en pyjama, attrapant un enfant dans leurs bras, soutenant une aînée… d’autres qui s’amènent avec leur matériel de camping ou de vacances: un canot, des vestes de sauvetage, des vêtements chauds… Et au tournant de la rue un groupe de musiciens venu soutenir le moral des troupes. Tiens, tiens… Déjà le film changeait.
Les ingrédients d’une émotion neuve devant nos défis
Le scénario qui précède n’est pas sorti tout droit d’un film de science-fiction. À la tonne vous et moi en avons-vu sur notre parcours, nos ancêtres qui ont eu à construire un pays neuf, et aujourd’hui des millions de gens issus de l’immigration trouvent le tour de se faire la courte-échelle et de rire ensemble de leur drame: le défi surmonté ensemble se change en rendez-vous de compassion, fait découvrir des énergies insoupçonnées, des solidarités inédites, des solutions inattendues. La situation n’a pas encore changé, mais l’interprétation qu’on en donne est bien différente, parce que libérés de la peur, parce qu’on échange la vision de ce qui nous apparaît jusqu’ici comme une menace par la vision d’un projet de construire ensemble.
L’objectif : réveiller l’Humanité
Je lisais récemment un point de vue recueilli par Monique Mathieu à propos de la situation du monde actuel. On nous faisait comprendre que nos tribulations sont l’acte final d’un changement planétaire dont nous n’avons pas idée, vers le meilleur. À l’inverse de toutes les peurs que les médias diffusent sur les changements climatiques, par exemple, qui vont finir par s’avérer très positifs après quelques temps. Mais…
Mais ce qu’il nous faut comprendre, c’est que si le Ciel nous évitait ces défis – lui qui nous accompagne autrement plus que nous le pensons dans notre expérience — notre regard ne changerait pas assez pour nous amener à ce monde renouvelé, car il sera notre création ou ne sera pas. Un peu comme les grains de blé qui n’ont pas connu les intempéries : ils ne sont pas assez forts donner la vie ensuite. Ou comme un accouchement où le bébé n’a pas su faire équipe avec sa mère pour faire l’effort de naître.
Nous sommes tentés d’imaginer le monde de demain comme la conclusion fatale de nos drames actuels, vécus avec notre état d’esprit actuel. Des forces d’intériorisation veulent nous faire comprendre qu’il sera tout autre, une fois libérés de la peur, une fois que nous aurons compris que seul l’amour inconditionnel peut le faire sortir de terre.
Vous rappelez-vous cette chanson de Félix?…
Revenant de la forêt hier, ça me donne l’idée de vous partager ici cette ultra-courte chanson devenue légendaire : «J’ai deux montagnes», de Félix Leclerc — souvent considéré le pionnier de la chanson au Québec. Elle reste énigmatique sur sa conclusion, comme pour fixer toute notre attention sur l’énergie de bâtisseur qui animait nos ancêtres.
Denis Breton