<<< Première partie de l’article
Départager le fondamental du contextuel
Peut-on faire l’hypothèse que chaque courant religieux avait son cadeau à faire au monde, au moment où son message a été diffusé? Mais aussi qu’il demande une relecture au fil du temps pour l’adapter au niveau de conscience auquel nous sommes parvenus aujourd’hui?…
Chaque institution religieuse propose des temps de purification. Les uns sont annuels: le carême chez les Catholiques, le ramadan chez les Musulmans, le bain dans l’eau du Gange chez les Hindous… D’autres prescriptions sont pour une fois dans la vie, comme le pèlerinage à la Mecque chez les Musulmans. Et d’autres sont collectifs et cycliques, comme les conciles dans l’histoire de l’Église catholique.
L’économie, la connaissance scientifique, le désir de découverte,… font de nous désormais des citoyens planétaires. L’ONU a fait faire des pas de géant à nos sociétés dans cette direction. Quand nous doterons-nous d’une sorte d’ONU spirituel, qui fédérerait nos courants religieux et spirituels autour de nos convergences, de nos dénominateurs communs?… N’irions-nous pas plus vite à faire taire nos méfiances et nos armes?…
Le défi est grand, c’est sûr. Pareil effort demande de reconnaître que le niveau de conscience de l’Humanité s’est élevé encore depuis que nos prophètes respectifs ont parlé.
Se pourrait-il que nous soyons pour un temps écartelés entre notre héritage d’enfance — qui a nourri un sentiment d’appartenance dont nous avons bien besoin encore — et ce que nous murmure la Vie à travers notre expérience, elle qui est mouvement continu?…
Et si nos résistances à ouvrir sur plus grand questionnaient notre désir de la vérité?… Il est tentant de cultiver un désir d’avoir raison, surtout si nous remplissons des rôles qui nous donnent un certain ascendant sur les consciences…
Tout ceci nous parle d’accueil de nos différences, d’indulgence face aux égarements du passé, et de l’audace à faire que nos bottines suivent nos babines, diraient nos anciens.
Accueillir des influences multiples?
Avons-nous besoin d’avoir tous les mêmes conceptions de la vie pour savourer d’en faire le voyage ensemble?… Nos institutions religieuses ont besoin de temps pour se renouveler. Mais elles sont constituées de nous tous, qui nous influençons mutuellement, par exemple à travers nos rencontres interculturelles beaucoup plus fréquentes que par le passé, et celles-ci sont porteuses d’une variété d’héritages religieux. Regardons avec quel naturel nos enfants nous enseignent le changement: simplement occupés au plaisir de jouer avec d’autres enfants de toute provenance. Chaque personne est un moteur de changement simplement par ce qu’elle est, et par ce qu’elle absorbe de sa relation avec les autres. Nous voilà ramenés au niveau des coeurs…
Je crois que la recherche de mieux connaître le fonctionnement de la vie et de sa source est une soif innée au coeur de chaque être humain. Personnellement, j’ai toujours été captivé à nommer ce qui pourrait être le le grand dessein de la vie. Mes premières réponses m’ont été proposées par mon héritage chrétien et j’accorde grand prix à l’amitié intérieure que j’ai développée avec le Christ des Évangéliques.
Ceci dit, j’ai conservé l’envie de chercher ce que d’autres approches pouvaient bien proposer, me disant que toute l’expérience de l’Humanité à la recherche du sens de l’existence est un réservoir géant de sagesses, dont nous aurions tort de nous priver.
Autant je suis reconnaissant envers mes parents de m’avoir transmis leur vision de la vie, autant j’ai pu apprécier le complément que m’ont apporté plusieurs autres traditions spirituelles — par exemple les sagesses autochtones, bouddhistes, hindouistes, musulmanes, baha’is ou de type Nouvel Âge…
Ces autres courant ont été pour moi comme une troisième dimension apportée à ma quête de sens. Par mise en contraste, ils m’ont aidé à identifier ce que je peux reconnaître universel dans mon héritage chrétien. Ou ils élargissent mes vues, qui déjà avaient évolué depuis ce que m’avaient transmis mes parents. C’est comme fredonner une chanson familière, qu’on se met à savourer plus encore en y découvrant de nouveaux couplets…
«On ne voit bien qu’avec le coeur…»
Mon intérêt à développer une relation personnelle avec le Divin m’a fait trouver naturel d’interroger les voix de mon propre coeur, me rendant critique face à plusieurs enseignements considérés comme allant de soi. Quand mes enfants ont pris de l’âge, je les ai par moments invités à prendre le même recul pour eux-mêmes.
Aujourd’hui, je crois que cette petite voix intérieure, celle qui me met le coeur en paix, reste un des grands indicateurs pour discerner les valeurs sûres dans ce qui atteint mon expérience spirituelle.
D’autant plus — et ça fait partie de mes croyances — que chacun de nous a sans doute un appel intérieur personnel pour sa vie, mystérieux mais puissant, capable d’en faire non seulement un chercheur de vérité, mais aussi un portageur de vérité. Cette question m’a captivé et j’en ai partagé quelque chose dans un autre site. (1)
Repérer nos valeurs sûres
Comme les Amérindiens, j’ai toujours trouvé que la nature est le tout premier livre ouvert du Divin pour nous enseigner les lois de la vie. Regardons une rivière: toujours en mouvement, elle se rit des rochers sur son parcours et où qu’elle se trouve, son eau finit par rejoindre la mer… Scrutons la danse des étoiles, celle des vents, des marées ou des saisons… Suivons le cycle d’une plante, de la graine jusqu’à la fleur…
J’en tire la conviction que pour l’Auteur de la nature tout est mouvement, cycles et équilibres: rien n’y est figé, tout se renouvelle.
D’autres repères m’apparaissent des valeurs sûres — par exemple la liberté donnée aux humains. Pour gérer une création si grandiose et si harmonieuse, Celui que nous appelons Dieu a-t-il vraiment besoin de passer par la peur, par la contrainte ou la culpabilisation pour nous amener à l’éveil?…
Si les textes fondateurs de nos Églises ont des résidus de cette sorte, se peut-il qu’il s’y soit glissé avec les âges des passages que Dieu ne se souviendrait pas d’avoir inspirés?…
J’imagine qu’Il les relit, puis qu’Il nous dit: «Ne retenez comme sacrés que les textes où chaque ligne rappelle qu’il n’existe pour Moi que l’Unité et l’amour entre les êtres. Les autres pages, faites-en un feu de joie, remerciez la Vie de la maturation qu’elles vous ont fait vivre …ou alors signez-les vous-mêmes sans y mettre Mon nom.»
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(1) Voir dans le Site Grandir, la rubrique Qu’est devenu votre rêve?
J’aime énormément la conclusion de ton dernier paragraphe.
Où as-tu puisé cette citation « Ne retenez comme sacré …» ?
Pour le reste, je partage l’ensemble de tes observations.
Merci Denis. Ce texte est criant de vérité.