Au temps des résolutions du Jour de l’An…
«Moi, mes souliers
ont beaucoup voyagé…»
J’ai trouvé ici de quoi formuler mes vœux à votre intention, pour cette nouvelle année qui commence.
Si vous avez 10 minutes pour un reportage qui résume ce que nombre de gens concluent de leur vie, je vous invite à faire le détour pour écouter celui-ci tandis qu’il est encore en ligne.
On doit ce petit bijoux de synthèse à Marie-Ève Cotton. (1)
→ C’est tiré de ses lectures sur des résultats d’entrevues avec des gens qui savaient qu’ils allaient mourir dans les prochaines semaines.
Elle y cite par moments le mot-à-mot de témoignes percutants, et quelques commentaires à partir de sa propre expérience de médecin-psychiatre.
À quoi tient l’intérêt de ces témoignages? Elle a été frappée par leur authenticité: les gens deviennent plus transparents en fin de vie, constate-t-elle. Conscients de leur départ prochain, ils n’ont plus grand chose à perdre. En même temps, nombre d’entre eux éprouvent le besoin de mettre les choses au clair avant de partir: s’ils arrivent à le faire, c’est pour eux source d’apaisement.
J’ai cherché à résumer ses propos au je, le plus souvent, pour garder la saveur témoignage:
1. «Je regrette d’avoir trop vécu en fonction de ce qu’on attendait de moi, et pas assez en fonction de mes aspirations.»
C’est le regret le plus fréquent des gens interrogés. Ils regrettent d’avoir trop essayé de plaire et de s’ajuster aux attentes de la société, trop tenu compte des apparences.
Ils regrettent de pas avoir vécu en fonction de qui ils sont vraiment. De ne pas avoir réalisé leurs rêves. Soit par manque de courage, peur de l’échec, ou pour avoir attendu trop longtemps. «On a pris la vie pour acquis…»
Plusieurs regrettent d’être restés englués dans le confort du statu quo.
2. «Je regrette d’avoir trop travaillé et ne pas avoir consacré davantage de temps à mes proches.»
On se dit qu’on aurait dû accorder moins d’importance au matériel, au statut. «Vivre dans une grande maison, acheter une voiture qui impressionne…Est-ce que j’en avais vraiment besoin?…» On déplore la course à posséder plus, le souci d’être reconnu à partir de ce qu’on fait… On regrette d’avoir laissé le travail définir sa vie. Avoir recherché un équilibre, avoir été «simplement une bonne personne», aurait suffi…
Madame Cotton commente: «Les êtres humains, on se nourrit fondamentalement de connexion et de relation avec les autres. Les relations avec nos proches ne sont pas seulement ce qui donne un sens profond à nos vies, c’est aussi ce qui nous garde en vie.»
3. «Je regrette de ne pas avoir eu le courage d’exprimer ce que je ressentais.»
On n’a pas osé montrer ses sentiments, ou on n’a pas eu la franchise de les exprimer. «Les autres ne me connaissent pas vraiment, ça a créé une distance dans la relation , un manque de chaleur dans ma vie…»
Certains se le reprochent par exemple après la mort d’un être cher. L’un d’eux conclut: «L’orgueil, c’est tellement une perte de temps. On a tous le droit d’être vulnérable…»
4. «Je regrette de ne pas avoir gardé le contact avec mes amis.»
En fin de vie, certains amis nous manquent! On a un passé commun, ça fait du bien de partager des souvenirs. Sentir leur présence, être accepté par eux: voilà qui est très réconfortant.
5. «Je regrette de ne pas avoir vécu davantage dans le moment présent.»
Le bonheur dépendait d’un résultat, d’objectifs. On ne se déposait pas dans l’instant présent pour être pleinement heureux.
On aimerait avoir pris le temps de ressentir et d’exprimer de la gratitude pour les choses positives et pour les petits bonheurs de la vie pendant qu’on les vivait.
Une personne conclut: «C’est trop facile de toujours en vouloir plus. Le plus important, c’est d’être reconnaissant pour ce qu’on a déjà…»
Trois constats marquants, aux yeux de Marie-Ève Cotton
– L’importance du matériel et de la performance s’atrophie au cours de la vie, tandis que l’importance des relations augmente. Il est sage de réfléchir sur l’espace qu’on consacre à nos carrières et à nos possessions.
– En fin de vie, nous regrettons davantage nos omissions que nos actions.
Par exemple, on ne regrette pas d’avoir parti une entreprise et d’avoir fait faillite; on regrette de ne pas en avoir parti une. On ne regrette pas d’avoir dit à quelqu’un qu’on l’aimait et d’avoir été accueilli froidement; on regrette d’avoir retenu ces élans-là.
En résumé: «Ce qu’on regrette, c’est de ne pas s’être assez mouillé dans notre propre vie. Ce ne sont pas nos échecs qu’on regrette, mais nos rêves qui sont morts dans l’oeuf…»
– Il y a des thèmes récurrents dans les témoignages, par exemple : la gratitude, le temps qu’on consacre à nos proches.
Mon recul sur cette synthèse
J’ai trouvé ce compte rendu très inspirant, au point de l’écouter plusieurs fois.
Un témoignage, entre autres, m’a fait une profonde impression. Il pourrait être dans la bouche de plusieurs des gens qui ont témoigné dans ces recherches:
«Je me demande pourquoi il faut attendre d’être mourant
pour comprendre ces choses-là…»
Si on veut prendre du recul, je trouve que de tels témoignages viennent appuyer certaines visions qui me paraissent en phase avec le sens de la vie. Ainsi:
– Ce qui a de l’importance, c’est moins les événements qui nous arrivent, que l’occasion qu’ils nous donnent de nous relier, tantôt à nos soifs profondes, tantôt à notre entourage.
– Nous sommes les créateurs de notre vie. Les parcours qui en valent la peine, sont ceux que nous définissons par l’intérieur, par amour de la vie, par intuition de notre chemin de vie, ce mystérieux parcours qui est le nôtre et qui nous serait unique.
– À l’inverse, notre ego nous entraîne sur des chemins de peur de la vie. Il nous rend sur-adapté au regard que nous portent les autres, au prix même de se construire sur des apparences pour obtenir leur affection. Ceci m’est apparu ressortir de la synthèse présentée ici.
Face à cette tentation de structurer notre vie autour du regard des autres, je me dis que certaines convictions à notre portée ont de quoi nous créer une sorte de système immunitaire. Je pense à la certitude d’être aimé de la Vie, à celle d’avoir une valeur intouchable malgré toute apparence ou expérience. Ou encore à la croyance que notre route de découvertes et de croissance n’est peut-être pas terminée au moment du grand départ…
Alors, mes meilleurs voeux pour la Nouvelle année…
Si chaque année est une petite vie en raccourci, je vous souhaite pour 2019 un parcours que vous relirez avec bonheur une fois l’année écoulée, sans regrets.
Quel souhait serait sur mesure pour chacun de nous? Hmm… Je nous souhaite alors de goûter au cadeau caché dans ce qui nous aura fait sursauter, à prendre connaissance de ce reportage…
(1) C’est sur Radio-Canada Première, avec le titre «Les 5 regrets les plus fréquents avant de mourir».
Ω
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surtout s’il provient de votre vécu, et s’il peut éclairer notre quête de sens.
Nous parlerons d’un non-sens quotidien, sans nous approcher encore de cette inconnue que nous appelons “la mort”.
Je sens une fascination spéciale lorsque je pense que nous vivons tous en sachant que nous allons mourir, mais croyons que ce n’est pas ainsi car cela n’arrive qu’aux autres.
L’évidence de notre mort à court terme peut être très forte, lorsque cela arrive à des êtres qui sont près de nous pour d’autres raisons encore; mais au fond de nous-mêmes, nous croyons que cela ne nous arrivera pas.
Nous n’allons pas toucher ce sujet. Étudions plutôt le non-sens: «le sens du non-sens» (Dario Ergas)