Une pandémie qui secoue notre confiance en la vie
Vous et moi, dans l’adolescence, avons savouré des romans d’espionnage. Il vous revient peut-être des images d’explorateur passionné, au sein d’une population atteinte du virus du Nil, qui découvre un passage secret d’un temple égyptien à un autre, à la recherche d’un élixir de guérison…
La période actuelle de pandémie alimente facilement des émotions d’inquiétude, pour nous-même ou pour des gens que nous aimons — au point même de nous empêcher de dormir, parfois. « Suis-je à risque si… ? Est-ce que j’en mets d’autres à risque… ?» On rêve de trouver un passage secret vers la paix intérieure…
→ J’aimerais simplement ici attirer l’attention sur deux poignées d’apaisement du petit quotidien, si simples qu’on oublie d’y recourir par périodes : ça parle de respiration, ça parle de musique.
Nous avons besoin de poignées sensibles
En effet, nous vivons une expérience incarnée : nous avons besoin de poignées physiques pour accompagner nos réalités émotives et voir sans trop tarder des résultats à nos essais.
Des gens recourent à toutes sortes d’images pour ressentir qu’une émotion difficile les quitte vraiment. Par exemple, devant une crainte qui les étreint périodiquement, certains trouvent du réconfort en imaginant qu’ils mettent cette émotion dans une montgolfière, puis qu’ils la voient s’envoler dans le ciel. D’autres imagineront tout aussi bien qu’ils creusent un trou dans la terre, y enfouissent l’émotion, puis se voient la remblayer, la piétiner. Tous les moyens sont bons, si ça nous apaise.
À quoi vous sert de respirer ?
Question aussi sotte que grenue, dirait La Palice ! D’accord, je vais poser ma question autrement : Quel pourcentage du temps vos respirations sont-elles accompagnées d’une intention ?
J’aime bien personnellement explorer ce que je peux faire avec ma respiration. Combien avons-nous de respirations dans une journée ? J’ai trouvé ce chiffre sur le web : « un adulte en bonne santé inhale 0,5 litre d’air. Une action que l’on répète en moyenne seize fois par minute et donc, au total, plus de 23 000 fois par période de 24 heures » Bon, ça laisse du temps pour en conscientiser quelques-unes !
Personnellement lorsque je suis inquiet, ou que j’ai le sentiment de marcher un peu à côté de mes mocassins, c’est devenu un réflexe de rendre ma respiration intentionnelle durant quelques minutes — ce qui ne veut pas dire que j’arrête mon occupation du moment. Simplement que je fais le choix d’être conscient plus qu’à l’habitude.
Au lieu de travailler sur cette émotion avec ma tête, j’expire à fond en confiant mon émotion à la Terre, Gaia comme l’appellent les Autochtones, un être vivant tout comme moi, à qui je demande de composter cette émotion.
L’instant d’après je laisse mes poumons se remplir, essayant de ressentir que le Divin me nourrit de sa paix, dans l’instant, aidé par la conception que je suis une branche du grand arbre de la vie. Un résultat tangible, immédiat, c’est que je cesse de dramatiser mon inquiétude.
Un peu de musique avec ça ?…
Profitant du confinement imposé par la pandémie, j’aime bien lire avec un fond musical. Quand je tombe sur une pièce qui me va droit au cœur, je la fais jouer en boucle, si bien que repartie à mes autres occupations, la mélodie continue de se jouer en moi un bout de temps.
Tiens, en ce moment, ce sont les Nocturnes de Chopin qui tournent en boucle pour moi. Ça m’est plus facile de faire la paix parce que c’est de la beauté. Ça me parle au cœur plutôt qu’à la tête : du coup, ça me déconstipe le lamentable.
D’autres auront le même résultat en écoutant une musique plus trépidante, peu importe.
« …Qui me va droit au coeur »
Tiens, l’expression est montée toute seule pour vous en parler. Je pense que la réalité est là : pour sortir de la peur, je ne vois pas d’autre chemin que de passer de la tête au ressenti, et de là au cœur. À chacun ses passages secrets.
Denis Breton