Chez les gens d’idéal — dans notre emploi du temps, nos priorités… — qui n’a pas été plus d’une fois écartelé entre l’amour de soi et l’amour des autres : son conjoint, ses enfants, son entourage,… ?
Il semble bien qu’on ait besoin de toute une vie pour réunir les deux. Pourquoi ça ne va pas tout seul, si c’est là notre vraie nature ?…
→ J’ai eu à reconsidérer des préceptes religieux acquis de longue main : il était plus moral de penser aux autres; prendre soin de soi était suspect. Que j’en ai mis du temps à le voir autrement ! Qu’il est plutôt question de mieux comprendre comment fonctionne la vie.
Ça m’a demandé de m’observer avec vérité dans ma dynamique. J’ai fini par décoder ceci. Quand je me néglige, me fais passer après les autres, c’est que je nourris une sourde culpabilité : « je n’en fais jamais assez pour les autres… » Une subtile émotion de manque naît alors en moi. J’entre alors en insécurité : je cesse de croire que je serai assez fort pour me protéger des coups durs. Je passe du côté des victimes de la vie. Au lieu d’être amoureux, je deviens généreux : je me dévitalise, ma relation aux autres se dessèche. Ça cesse de chanter tout seul en moi.
Aujourd’hui, je me redis que la rivière peut donner au fleuve son eau si elle l’a d’abord trouvée pour elle-même. Ou j’envisage l’amour comme une spirale : de moi aux autres, puis des autres à moi, dans une même danse à recréer …à savourer. Une phrase du Livre d’Urantia à propos de Jésus me sert de garde-fou quand je l’oublie : « Il avait un magnifique respect de lui-même ».
Denis Breton