Une adolescente s’est approchée de la cathédrale en flammes. On lui a demandé pourquoi elle est venue: «…Pour ne pas la laisser seule» a-t-elle répondu. (1) Une émotion touchante, qui se rapproche sans doute de celle qu’ont éprouvée bien des spectateurs directs de l’événement.
Rien qu’en France, il semble que ces dernières années une dizaine de lieux de cultes aient subi des avaries. Que nous apprennent ces événements quand on les met tous ensemble?… Pourrait-il y avoir des raisons qui nous échappent? et même des aspects réconfortants?…
Quelque chose de nous part avec le feu…
Les gens sont sous le choc, plusieurs pleurent ou prient ensemble, de religions différentes, comme s’ils avaient perdu un être cher. Les réseaux sociaux alimentent une montée de sympathie, des dons affluent déjà pour la reconstruction….
De par le monde, de tels drames ont l’effet d’une ouverture de conscience: les gens se rapprochent, aussi bien de leur coeur que de leur entourage. Ils deviennent réceptifs.
Qu’ont donc ces lieux pour nous mettre en émotion, déclencher des questions de sens, même chez des gens qui disent ne pas avoir la foi?… Pourquoi ce besoin soudain de se réunir, de s’exprimer?…
Des lieux de culte attirent même les rapprochements entre pays. Ainsi, la cathédrale de Reims, en partie démolie par la guerre, a été l’endroit choisi par la France et l’Allemagne en 1962 pour se réconcilier officiellement.
Sur le coup, une pensée qui me revient en boucle émerge à nouveau dans ma tête: «…décidément, tous les événements qui nous arrivent ne sont peut-être que des occasions de nous relier…»
Plusieurs couches de sens…
Comme certains journalistes, je me suis demandé si Notre-Dame de Paris venait d’être profané, si l’événement pouvait avoir plusieurs couches de sens, et même s’il pourra susciter d’autres événements accélérateurs de changement.
Je suis tombé sur un article inattendu, au rayon spirituel, qui nous pousse à explorer dans cette direction. Mais je vous préviens, on ne s’attend pas à sa conclusion!…(2)
L’auteur auquel on l’attribue attire d’abord notre attention sur la portée symbolique du drame de Notre-Dame. Le recul sur une série d’événements du même genre le fait apparaître comme un reflet qui s’ajoute à d’autres pour nous parler de la mutation de conscience planétaire dans laquelle nous sommes entrés.
Bien sûr, une cathédrale renommée qui brûle pose un défi de reconstruction, ce qui demande de retrouver les buts et les valeurs qui l’ont fait édifier. L’Europe de cette époque connaît disettes, épidémies, refroidissement, croisades guerrières. Le nom Notre-Dame venait honorer Marie, mère de Jésus. Il appelait sa protection sans doute, saluant du même coup le souffle féminin de la vie — peu compatible avec les solutions guerrières.
Après bientôt 900 ans, nos sociétés respirent-elles enfin ce souffle, cet équilibre qui fait une place aux valeurs féminines?…
De curieuses coïncidence nous parlent du contraire: peu avant le feu, la mise à l’écart de 12 statues des Apôtres, les Gardiens de l’Église, des figures masculines d’une Église patriarcale aux prises avec des scandales comme la pédophilie. Ou encore la présence des Gilets jaunes à proximité, qui marchent pour faire bouger les valeurs tout aussi patriarcales d’une société néo-libérale qui pourrit de l’intérieur… (3).
Nous réalisons que nous sommes à délaisser une époque de modèles prêts-à-penser et prêts-à-piller. À remettre en question des institutions religieuses ou éducatives, artistiques ou bancaires qui souvent nous ont asservis à leurs dogmes et à leurs diktats afin de maintenir leur pouvoir sur nous et nos gouvernants.
Un sens, un peu plus loin encore?…
L’article dont je vous parle ne cherche pas de coupables, il va plus loin que l’analyse des forces sociales, récuse toute vengeance divine. Il nous renvoie au symbolisme inscrit dans la matière: le feu — qui purifie, réduit un passé en cendres, libère un espace pour du neuf…
L’article nous transporte alors sur le plan énergétique, qui constitue le tissu de la vie elle-même. Une affirmation-choc: tout ce qui existe est énergie, cette énergie est une conscience, elle imbibe les formes qu’elle se donne — la forme, ici, est le bois des charpentes.
Sur cette base, une explication étonnante est proposée: les poutres de la cathédrale auraient consenti à brûler, acceptant la violence subie. Les énergies qui les constituent ont reconnu que l’heure était venue de mettre fin à leur expérience vécue sous forme de charpente depuis les temps médiévaux, et de se rendre disponibles pour un renouveau planétaire.
Quel renouveau?… Celui qui résulte de la décision de l’Humanité, choix fait à un niveau profond, de s’éveiller. Celle de brûler ce qui entretient encore la dualité, la séparation dans les rapports humains et avec la nature, pour ouvrir sur une ère d’unité, d’inclusion.
La conscience: une notion captivante et intrigante
Nos sciences et nos esprits commencent à peine à s’ouvrir à l’idée qu’un arbre, encore planté en terre, puisse être conscient de notre présence et soit capable de communiquer avec d’autres arbres. On sait aujourd’hui que certains arbres plantés sur le bord de l’eau la partagent par leurs racines avec des arbres reculés du rivage; ou encore que certaines variétés d’arbres préviennent les autres de la proximité d’une espèce animale prédatrice.
Mais de là à imaginer que toutes les formes de vie intègrent la conscience, et qu’elles soient connectées toutes ensemble comme une toile d’araignée à une énergie universelle unique: la marche est haute…
Pourtant les visions autochtones depuis des millénaires considèrent la Terre, Gaia, comme un être hautement évolué, qui nous supporte autant qu’il bénéficie de nos avancées de conscience. Et des courants de recherche physique, médicale ou botanique s’ouvrent plus que jamais à des perspectives inédites fascinantes. (4)
Aussi bien la science que la spiritualité présupposent l’unité du réel. Elles convergent l’une vers l’autre forcément, s’il n’y a qu’une vérité cosmique. Mais c’est à pas prudents, sans être prêtes encore à tirer des conclusions en cohérence, dès qu’elles risquent de déstabiliser des équilibres bien établis…
La proposition qu’on vient de lire impressionne, mais elle n’apparaît pas farfelue. S’il existe une conscience universelle amoureuse, et que toute forme issue de la vie en est habitée — par exemple une charpente de bois — pourquoi celle-ci ne pourrait-elle pas faire le don d’elle-même?…
Notre-Dame de Paris a encore quelques secrets à nous révéler, décidément…
Au sortir de semblable réflexion sur la conscience du vivant, vous prend-il comme moi l’envie de questionner des Amérindiens, des historiens, des agriculteurs ou des forestiers sur leurs observations dans leur domaine de pratique? …
Si vous le faites, revenez vite à Croque-lumière pour nous les partager!
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(1) Anecdote rapportée par Stéphane Baillargeon, dans Une cathédrale universelle, Le Devoir 2019-04-17.
(2) On doit ce second article à Caroline Oceana Ryan. Elle le dit recueilli par canalisation auprès d’un groupe d’entités qui se donne comme nom Le Collectif: A message to lightworkers (en anglais).
(3) On trouve justement un autre article intéressant à propos de l’incendie de Notre-Dame, avec comme fil conducteur la restauration du féminin divin au sein de l’Humanité: Patricia Diane Cota Robles on the Burning of Notre Dame (en anglais).
(4) Deux spécimen:
– Au plan médical, voir dans notre site l’article Guérir par l’amour: le pari du Dr Leonard Laskow.
– Dans le domaine forestier, un livre captivant : La vie secrète des arbres: ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent, par Peter Wohlleben, Paris, Éditions Les Arènes.
Ω
Très plein de sens ces articles. Je crois aussi que nous en sommes rendus là, pour comprendre enfin que les vrais temples sont en nous.