«Vos enfants ne sont pas vos enfants,
mais les fils de l’appel de la vie à elle-même»
— Khalil Gibran*
Se pourrait-il que ces jeunes qui ont la bougeotte, dérangent, ont du mal à entrer dans le rang — on a vite fait de leur étiqueter un trouble de TDA/H — soient des éveilleurs face au monde qu’il devient l’heure de créer pour demain?… D’autant plus que leurs comportements, dans bien des cas, laissent découvrir des dons remarquables. Il vous vient peut-être en tête déjà quelques noms…
On parle de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. Il affecte la concentration, peut s’accompagner d’impulsivité, d’hyperactivité; peut provoquer une démotivation à l’égard de l’école et même des troubles d’apprentissage; mais aussi une dévalorisation de soi et des défis d’ordre relationnel. Pas très reposant…
Si ce sujet vous fait sursauter, semble même parler de votre réalité, je vous invite à écouter cette émission de Radio-Canada Première.**
Toutefois, je vous propose d’amener plus loin votre vision du phénomène :
– de questionner ce qui vous dérange dans l’expression de ces jeunes, mais qui pourrait bien vous mettre en résonance avec vos propres insatisfactions face à notre monde d’aujourd’hui…
-Et aussi d’envisager que beaucoup de ces enfants, préparés pour demain, seront nos enseignants pour pénétrer dans la terre promise de cette Humanité renouvelée.
→ Des révélateurs de non-sens
Encadrer ces enfants dysfonctionnels nous apparaît nécessaire: l’équilibre du groupe familial ou scolaire en dépend.
Mais se pourrait-il qu’il s’y glisse par moments une certaine dureté, comme si on leur reprochait de nous mettre sous les yeux ce qu’eux ressentent comme un certain non-sens? — notre course à la performance, notre oubli de la relation au profit du confort, et plus encore peut-être, notre désespérance en l’avenir?
Et si leur mal-être nous rappelais les véritables besoins d’un être humain?…
« Ah zut! quel est son prénom?…»
Je me suis intéressé à cette question depuis que je dois vivre avec des trous de mémoire. Je me suis un temps senti dévalorisé …jusqu’à lire quelque part que ces absences pouvaient révéler une situation d’évolution spirituelle très positive. Ça m’a ragaillardi: au lieu de me soupçonner déficient, l’envie m’a pris d’explorer ça avec des yeux neufs.
Dans mon cas, j’ai cru comprendre que ces failles à me souvenir d’un nom, d’une adresse ou d’un rendez-vous non consigné à l’agenda, peuvent manifester que je serais en train de laisser derrière moi ce qui n’est plus pour moi.
Elles me poussent à aiguiser mon attention dans l’instant — un besoin que je me vois commun avec les enfants du TDA/H, et qui nous parle de notre prochaine étape d’Humanité: celle où l’amour inconditionnel nous fera délaisser les prescriptions et les programmes tout faits d’avance, nous fera vivre de créativité plutôt que d’adaptation, sur la base d’une conscience avivée du moment présent.
Je dois à ce défi personnel de m’avoir fait porter un regard différent sur la question du TDA/H: «…Et si plusieurs de ces enfants étaient des précurseurs, déjà préparés en fonction de demain?…» J’ai trouvé par la suite quelques enseignements au rayon spirituel qui soutenaient pareille hypothèse.
Interroger ceux qui les comprennent
Il serait intéressant de donner la parole à des éducateurs qui ont réussi à apprivoiser bon nombre de ces jeunes. Des intervenants qui ont gagné leur confiance, les ont rapprochés d’eux-mêmes pour s’accueillir avec indulgence quand ils souffrent de leur différence, et qui persévèrent à stimuler leur intérêt pour des projets créatifs. Ils y parviennent, il me semble, par une qualité de relation qui souvent nous échappe aujourd’hui, et qui serai la signature du monde de demain.
Interroger nos propres insatisfactions sur l’état du monde
Sommes-nous si satisfaits de ce monde que nous voulions encore faire de l’éducation une opération d’adaptation au passé, ou à un présent chambranlant?
Oui nos enfants rebelles nous brûlent de l’énergie. Qui sait s’ils nous font aussi un cadeau caché.
Denis Breton
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* Khalil Gibran, Le Prophète — d’où sont tirés ce poème et cette citation.
** ”Les défis de vivre avec un TDA/H, une douance ou une double exceptionnalité”: (50 min.)