Chez de plus en plus de gens, la perspective que nous nous approchons d’une mutation de l’Humanité a quelque chose d’un lever de soleil …bien sûr dissonant avec les soubresauts que nous vivons de tous les côtés à cette période-ci.
Mutation ?… Des signes précurseurs sont par moments palpables — et au beau milieu de nos confinements physiques, même. Contraints de rester dans nos maisons plus longtemps, nous nous connectons de plus proche à notre maison intérieure : nos états émotifs, nos soifs de vie. Là, nous réalisons à quel point les relations chaleureuses nous manquent.
Et du coup nous mettons au point des façons créatrices de les entretenir…
→ Quelques signes qui ne manquent pas
Oui, vous et moi trouvons de nouvelles façons de nous rapprocher, de nous soucier les uns des autres : rencontres sur l’Internet, présence aux aînés, services de proximité dans la communauté, créations artistiques, exploration de désirs et de talents restés endormis, revendications sur la place publique,…
Un signe parlant, pour moi : j’ai sursauté plus d’une fois ces derniers temps, à constater sur les ondes radio et télé que des animateurs ou des gens interviewés prononcent plus souvent le mot amour; ils osent nommer leur besoin de tendresse, de compassion même. Comme si, sur la pointe des mots, nous franchissions la ligne d’une pudeur convenue socialement. Nous nous aventurons dans des champs minés pour nous connecter davantage à qui nous sommes…
L’Éveil ou l’Ascension : des mots familiers pour vous ?
Des spiritualistes nous annoncent une montée de conscience profonde pour l’Humanité — ce qu’ils appellent l’Éveil ou l’Ascension : une mutation majeure, aussi bien personnelle que collective. Nos chaos actuels en seraient non pas la contradiction, mais le grand nettoyage du printemps précurseur. Nous sommes chacun à nos façons comme la femme qui s’apprête à accoucher, et ressent une impulsion qui l’étonne à faire du ménage dans la maison.
Ce qu’on en dit ? Un monde de confiance, où la peur sera une affaire d’hier… des relations permissives avec nous-même où le réflexe du bonheur va être mis en avant… des relations chaleureuses, où nous permettrons à l’autre d’avoir d’autres croyances, une autre couleur de peau, le voyant comme un cadeau plutôt qu’une empêche… Avec un sentiment d’être connecté à Plus grand que nous.
« Ah ouaih ?… Si ça vient, ça sera dans bien des années !… » me direz-vous.
À quand remonte notre dernier instant d’amoureux de la vie ?
Moi aussi, je trouve le temps long d’ici à ce qu’on voie ça de près.
Que s’est-il alors passé pour que je me mette à regarder ça autrement ?…
C’était suite à un grand moment de paix intérieure, bien éphémère mais profond.
Le temps s’était arrêté : je faisais confiance… ma respiration avait quelque chose de libéré… on aurait dit que je n’avais plus besoin de rien. C’était tactile.
Je m’étais échappé de ma roue d’écureuil. J’étais dans la saveur de la vie, pas dans la solution de problèmes. En miniature j’éprouvais un bien-être que je rêverais de vivre en permanence.
Je me suis surpris à me dire alors : « Tiens, tiens… quand je regarde ce qui m’arrive dans l’instant, ça ressemble à ce qu’on nous laisse miroiter pour l’avenir de l’Humanité : une sorte d’échantillon. »
…Ça a laissé une trace
Bien sûr, ça me fuit entre les doigts : j’ai vite fait de revenir à mes il-faut…, à mes tu-dois-pas…, à remplir mon agenda.
Mais dans les jours suivants, j’y ai repensé plus d’une fois, j’avais juste envie de voir si je pourrais reproduire ça à nouveau. Quelque chose au fond de moi me disait que ma nature profonde est bien plus de ce côté, comparée à la pièce de théâtre que je me joue avec d’autres à grandeur de semaines le reste du temps, éprouvant périodiquement le sentiment d’être une bête sociale bien dressée. Surtout dans la période sanitaire actuelle ! — ça vous dit quelque chose à vous aussi ?…
Se pourrait-il que notre monde de demain ne soit pas grand chose de plus qu’un bout-à-bout de ces instants conscientisés, répétés jusqu’à ce qu’ils deviennent réflexes, puis qu’on ait envie de les partager ?… Des haltes-bonheur, comme on s’offre une pause-café.
Et ça va plus loin, je trouve : cette énergie est désormais dans l’air, elle porte en elle des semences d’avenir. D’autres bourrasques de vent vont souffler, c’est sûr. Mais quelque chose en moi n’a plus peur qu’on me dise : c’est utopique. J’y ai goûté, c’est bien réel : la saveur m’est restée collée au palais.
Ma mère aurait dit : « On a goûté du pain b’en assis à table, on ne veut plus manger de galette debout su’ l’ pouce ».
Denis Breton