«Les quelques grandes choses qui comptent dans la vie, on doit garder les yeux fixés sur elles, on peut laisser tomber sans crainte tout le reste.
Et ces quelques grandes choses on les retrouve partout,
il faut apprendre à les redécouvrir sans cesse en soi pour s’en régénérer».
Etty Hillesum
Plus nous avançons dans notre quête de sens, plus nous réalisons que quelques piliers nous suffisent pour construire ce sens, et alors consolider notre confiance en la vie. Ils peuvent devenir des poignées auxquelles nous raccrocher, tout particulièrement quand ça brasse dans l’avion : le concret de nos vies.
→ Dans mon expérience, je suis sans cesse ramené à ces trois visions-piliers : l’unité de la vie, l’amour, la liberté. Une danse d’évolution passionnante, mais jamais achevée. (1)
Une vision d’unité de la vie
Nous voir inter-connecté avec tout ce qui vit : dans le visible, les autres humains — amicaux ou pas; la Terre, les animaux et les plantes. mais en même temps dans l’invisible : avec la Source créatrice de la vie; avec les êtres angéliques ou les entités plus évoluées habitant d’autres mondes.
Par exemple, c’est sur cette vision d’unité, où le Divin serait tout-ce-qui existe, que j’appuie ma décision de me croire une étincelle de la lumière de la Source de tout ce qui vit. De là je me considère divin dans mon identité, et une expression de la Source dans ce monde dont je fais l’expérience dans mon corps de chair.
Je n’ai pas de prise sur cette loi de la vie; dans notre contexte de dualité terrestre, elle échappe à ma conscience spontanée : il faut un temps que je décide d’y croire. Car ça m’englobe, ça conditionne tout ce qui m’arrive, tout ce qui arrive au monde. La spiritualité le pressent depuis longtemps, la science le découvre une bouchée à la fois — notamment via la physique quantique.
Une vision de l’amour comme étant la nature même de la vie
Voilà ma racine dans le sol de la vie : cette expérience d’avoir été aimé — ne serait-ce qu’une fois, par une seule personne ! Cet état d’âme ressenti au fond de moi, exprimé dans tous nos romans d’amour et chanté par tous nos artistes. Cette valeur suprême vantée par les philosophies et les religions, mais aussi par les découvertes de la psychologie moderne. Enfin, cet outil que je découvre être le passe-partout pour ma recherche du bonheur, pour toutes mes relations, pour mes guérisons.
J’ai déjà un peu plus de prise sur l’amour, car c’est ma plus grande soif, et j’en vois l’effet immédiat, qui agit en spirale : plus je décide croire que je suis immensément aimé par la Source créatrice, plus j’ai de raisons de m’accueillir sans condition. Plus alors j’aide raisons pour aimer à mon tour. Et plus je le vis, plus j’attire à moi d’amour. À l’inverse, quand je me refuse l’amour, mon bonheur entre en dormance pour un temps. L’extase autant que la souffrance me ramènent sans cesse à ce point de départ et d’arrivée: «…Parce que la Vie m’aime».
Une vision de liberté
La Vie a remis entre mes mains de générer ce qui m’arrive, avec les bonheurs ou les souffrances qui s’en suivent : en m’offrant de choisir mon chemin d’incarnation avant même de venir sur Terre; ensuite en faisant de mon état d’esprit de chaque instant le créateur de mon aventure humaine pour la suite.
La Source de la vie n’est qu’amour, mais Elle accepte de me voir me faire mal, de me voir en blesser d’autres même — tellement Elle considère la liberté comme sacrée. Elle m’offre une aide puissante si je la demande, mais Elle s’arrête là où mon libre-arbitre lui fait obstacle, là où je ne présente aucun bocal pour recueillir Son amour.
Comme personne aussi bien que comme collectivité humaine, nos temps chaotiques nous posent la question à chacun : «Tu es un être souverain : que fais-tu de ta liberté?…»
Je peux être contraint du dehors, mais personne ne peut m’obliger à penser ou à éprouver ce que j’entretiens dans mon esprit : mes interprétations de ce qui m’arrive, mes valeurs ou mes émotions, et même mon niveau d’énergie.
Me respecter peut me demander beaucoup de courage; mais me soumettre frileusement peut aller jusqu’à fragiliser mon système immunitaire, m’éloigner des autres, m’égarer dans mon chemin de vie.
Oser ma liberté c’est voir la vie terrestre comme une exploration, un laboratoire où j’apprends à remplacer la peur par l’amour, jusqu’à faire confiance à la vie quoi qu’il arrive.
De la vision à la conviction
Bien sûr ça prend du temps à transformer nos visions en repères d’action. C’est une chaîne de réactions jamais achevée : mes hypothèses sur le fonctionnement de la vie colorent mes croyances, et de là mes perceptions sur les gens ou les événements. Ces perceptions déclenchent en moi des émotions, qui conditionnent mes réactions-réflexes.
Quand ça fait mal, que des désagréments reviennent en boucles, c’est que j’ai quelque chose à en apprendre pour créer ma vie autrement dans la suite. La décision m’appartient de ressentir ces émotions à mesure qu’elles montent, de les accueillir amoureusement, puis d’en changer la trajectoire à partir de visions sur la vie plus hautes, parce que plus vraies.
Oui, notre vie terrestre est une initiation, une expérience éducative que nous nous sommes donnée pour un temps. Nous voulions faire en accéléré la conquête de l’amour sur la peur, sachant qu’elle est la seule porte d’entrée d’un bonheur durable. Cette expérience allait nous paraître réelle, nous écorcher les poignets souvent. Mais nous savions que les résultats heureux viendraient à force d’y croire, d’oser, de le pratiquer.
Denis Breton
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(1) Cet article vient approfondir une question proposée déjà en août 2020, dans notre FOIRE AUX QUESTIONS : «À votre expérience, quels seraient nos piliers les plus sûrs en quête de sens?»