Un lecteur nous a écrit :
«Je sens toujours un malaise face à cette question de quête de sens dans le contexte d’une rencontre spirituelle.
Car si nous sommes là, c’est qu’on a déjà trouvé un sens, une direction qu’on veut poursuivre même si on ne voit pas tout à fait clairement l’issue vers laquelle nous nous dirigeons.»
Son commentaire m’a épinglé, ça m’a poussé à identifier davantage de quoi est faite ma propre quête de sens. Voici ce qu’il m’est venu de lui partager :
→ Merci de souligner l’étrangeté de la notion de quête de sens, pour une personne qui comme toi fait tout un cheminement spirituel déjà.
«Cherchez ma face !…»
Dans un vieux psaume de la Bible on trouve cette exclamation intrigante : «Mon coeur dit de ta part : Cherchez ma face ! Je cherche ta face, ô Eternel ! »
Se pourrait-il que notre quête de sens se continue toujours, en fait ? Si nous avons une soif innée de nous relier à la Source, je me dis que nous n’aurons jamais fini d’absorber toute la lumière nécessaire à rejoindre le cœur de Dieu sans «péter au frette», comme on dit en québécois.
Autre chose dans mon expérience m’en donne aussi la conviction : je ne fais pas que recevoir un sens de la vie, je le crée aussi.
Le sens que je reçois
Vois-tu, comme toi je pense ne plus pouvoir me passer d’un sens à ma trajectoire. Par exemple, ça change bien des choses pour moi d’en être arrivé à croire que Dieu n’est qu’amour, que la justice existe même si je ne comprends pas toujours comment elle fonctionne, ou que je peux décupler mon bonheur à entrer en complicité avec Lui-Elle : ça me met par moments le cœur en danse, et ça me donne confiance en l’avenir peu importent les coups durs.
Le sens que je crée
Mais ça ne s’arrête pas là. J’ai besoin de sens au quotidien, et ça tourne beaucoup autour de la cohérence pratique que j’arrive à établir entre ces belles visions et ce que j’en fais au jour le jour. C’est tantôt dans ma façon de prendre mes décisions, de réagir aux événements, de me relier avec les gens, ou de faire face à une émotion difficile.
C’est là que je deviens créateur du sens et ça peut se passer plusieurs fois dans une journée. En fait à chaque fois que je me repose la question que formulait admirablement Neale Donald Walsh, dans la série Conversation avec Dieu : «Que ferait l’amour maintenant ?…»
À chaque fois que je repars de là, j’ai l’impression pour un instant de vivre la même chose que la Source qui crée du neuf : j’invente une façon sur mesure d’incarner l’amour, qui n’a peut-être jamais existé dans l’Univers ! et qui vaut pour cet instant. Et alors je touche du doigt le cadeau que je crois être venu faire au monde.
Ça m’arrive par exemple quand j’ai devant moi une personne qui juge ou semble prendre plaisir à en écraser une autre : je décide de la regarder comme une personne blessée ou apeurée, qui ne cesse pas d’être magnifique par nature : c’est qu’elle s’ignore encore, n’a pas appris combien marcher dans les souliers d’un autre peut être satisfaisant. Alors, il m’arrive de lui pardonner ça, et ça m’aide à ne pas m’en affecter plus qu’il faut.
Réunir les deux sens…
Le sens que je reçois pour voir de loin, celui que je crée pour voir de proche — me deviennent lentement aussi essentiels que respirer ou manger …du chocolat ! Ma quête devient une conquête. Et il y a un mot que je n’écris plus pareil : croît-sens…
Denis Breton