« Je me sentais normal pour une fois, pas seul comme pour les deux dernières années. (…)
C’est ainsi que le Canada est censé être. »

La soudaine manifestation des camionneurs nous a faits sursauter : du Canada, oui, mais aussi d’autres pays, en solidarité : États-Unis, Australie, Pays-bas, Brésil ou en Italie,…
Le long de leur route, quantité de familles, joyeusement accompagnées de leurs enfants, bravent des froids intenses pour les saluer. Aux questions des journalistes, des mots comme «ensemble», «liberté», «droits»,… reviennent à l’unisson.

Y aurait-il là un phénomène qui mérite qu’on y regarde de plus près ? Serait-il en train d’exprimer tout haut, et pacifiquement, ce que tant d’entre nous pensons tout bas ?…

→ Des moments de forte émotion…

« …Quand nous sommes arrivés à Thunder Bay, ils avaient déneigé une grande zone. Des tentes dressées, de grands feux et une quantité insensée de nourriture. (…)
Les accotements de la quatre voies bondés de monde et de voitures. Des viaducs bondés de monde. Des tonnes de familles de petits enfants tous emmitouflés. Tout le monde sautait, dansait, agitait des pancartes, des drapeaux et des lampes de poche. Tout en -30. Voir à quel point les enfants sont heureux, leurs sourires vous rendent parfois un peu émotif. C’est ainsi que le Canada est censé être… » — Justyn Luke Kendze, camionneur (1)

…Qui questionnent le sens

Si je m’attarde sur cet événement du Convoi des camionneurs — que nos médias officiels se montrent prudents à médiatiser — c’est qu’il fait sursauter en moi le sociologue, doublé du spiritualiste. Cette manifestation  questionne en chacun de nous aussi bien le citoyen que le chercheur de sens, nous provoque à la cohérence.

En effet, quand notre contexte de vie se déshumanise — comme la situation d’épidémie nous y met à risque  — une partie de nous interroge notre gestion sociale, interpelle : «Que faisons-nous de concret face aux gens vulnérables, face à nos droits ou à la démocratie escamotée ?  Comment permettre à tous les points de vue de se faire entendre, et même de nous enrichir ?… »
L’autre partie de nous prend du recul, se questionne : « Le changement oui, mais sur quelles bases ?… » Chacun a sa vision des valeurs sûres. Pour moi, c’est par exemple la décision de juger les situations, pas les personnes. Ou me dire que seul ce qui carbure à l’amour et à la recherche d’unité va générer des situations gagnants-gagnants, et tenir bon à long terme Ou que tout ce qui active la peur et la dévalorisation nous met déjà sur une fausse piste.

Des enseignements spirituels dessinent une nouvelle étape

J’ai dédié ce blog à augmenter notre confiance en demain, à partir de points de vue pouvant nourrir nos raisons de vivre. Actuellement, je suis frappé de constater que maints contenus d’enseignements spirituels ne s’arrêtent plus à nous proposer des outils de travail sur soi. Ils nous le font voir maintenant comme intimement lié à notre implication citoyenne.
C’est logique : ce sont les bases mêmes de notre vie en société qui sont à revoir, rien de moins. Notre monde s’essaie à danser sans musique et se rend compte qu’il en tombe malade …en plus devant un garde-manger vide pour des millions d’entre nous.
Ces enseignements tirent tous la même conclusion d’action : « …C’est l’heure de passer à l’action ».

Nos démêlés avec la recherche de vérité

Revenons à la situation de nos camionneurs. «…Ensemble… et en liberté », scandent plusieurs pancartes.
Est-ce que ça vous a frappé comme moi d’apprendre que leur manifestation reçoit l’appui de toute sorte de gens, aussi bien vaccinés que non vaccinés ? Plus creux que la question des vaccins, beaucoup ressentent que c’est de cette crise que nous voulons enfin sortir. 

Nos populations ont admiré quantité d’intervenants qui se sont dévoués sans compter pour réconforter, soigner, au risque de leur propre santé. Ils ont été réconfortés un temps par une réaction énergique de leurs gouvernants.
Mais peu à peu des doutes s’insinuent dans leurs esprits. Certains ont déploré des décisions décrétées, sans l’aval de nos parlements. D’autres ont vu un réel conflit d’intérêt entre des résultats dits scientifiques et leur provenance des pharmaceutiques qui livraient aussi les vaccins. Bon nombre auraient aimé connaître des  résultats de recherche divergents : « …pourquoi faut-il aller sur des sites parallèles pour en entendre parler ?… » Des médecins ont vu mourir des patients qu’ils croyaient sincèrement pouvoir sauver avec des médicaments éprouvés dans d’autres contextes épidémiques, mais ça leur a été interdit : comment expliquer ça ?…

Personnellement j’ai vécu ça avec une grande tristesse. Je vous la propose comme une question. Je crois qu’elle nous concerne tous, et qu’elle pourrait aider à dépasser ce qui nous a mis les uns contre les autres, à nous remettre en dialogue — avec nos familles, nos amis, nos concitoyens :  « Quel temps mettons-nous à écouter sincèrement des gens qui ne pensent pas comme nous à propos de la vaccination ou de ses sources, sans les catégoriser dans un camp ou l’autre ?… »
Qui sait si nous y trouverions de quoi calmer des peurs ou des colères, nous enrichir de points de vue capables d’élargir notre vision de la solidarité — car c’est d’elle dont nous avons besoin pour construire la suite ensemble. Je crois que la soif de vérité et celle de sortir de la peur sont inscrites très profondément en nous.

Aimerions-nous sortir de la crise en y apprenant quelque chose ?…

C’est là que notre quête de sens peut faire une différence. L’épidémie a aussi été un grand enseignant : nos confinements et les souffrances multiples nous ont poussés à nous questionner sur ce qui nous fait mal, et sur ce que nous voulons faire de notre vie. Ça nous amène à scruter nos rapports humains, et nos façons organisées de vivre en société. Quand on y pense, il y a là une bonne nouvelle.
Et c’est étonnant de constater, au bout du compte, que nos sources spirituelles et nos besoins citoyens nous parlent des mêmes enjeux : délaisser les confrontations nées dans la dualité, mettre à profit les seuls outils qui fonctionnent : ceux de la bienveillance.

La transition est déjà amorcée plus que nous le pensons. L’épidémie nous a désinstallés :  c’est favorable à nous ouvrir à d’autres croyances, à d’autres attitudes.  N’ayons pas peur de ce face à face avec nos peurs : celles de la vérité,  celle du voisin masqué ou démasqué. Plus vite nous allons comprendre les forces qui nous ont divisés, et plus encore les forces capables de nous réunir, plus captivante sera l’aventure de renouveler nos sociétés. La physique nous a appris qu’une chaîne a la force de son maillon le plus faible. La spiritualité nous assure que notre bien-être sera lié au sort que nous réservons à nos populations les plus vulnérables ou les plus marginalisées.

Une nouvelle Humanité est en chemin…

La société où nous aurions tant envie de vivre est à portée de cœur plus que de tête. La Vie nous souffle d’heureuses réponses d’instant en instant. Mais la décision nous appartient.
Se pourrait-il que nous ayons un jour envie de remercier nos camionneurs ? Leur klaxon pourrait bien nous avoir évité de nous endormir au volant…

Denis Breton
_____________
(1) Extraits du témoignage attribué à ce camionneur du Convoi 2022. Il venait d’entrer dans Thunder Bay, le long des Grands lacs en Ontario.  – Photos et texte complet.
(2) Je recommande particulièrement le visionnement de l’émission Juste pour savoir, qui réunissait récemment trois scientifiques québécois de haut niveau, autour de l’actualité sanitaire entourant la vaccination