Note de l’éditeur:
Je publiais cet article en novembre dernier. J’ai cru bon ici de l’enrichir et de lui greffer l’exercice qu’on y trouve aujourd’hui.

Ah! je me souviens…
Je me revois à ma première journée d’école: je trouve ma classe, je regarde qui est autour, et cherche mon pupitre… . Ah!… vite, j’ouvre le panneau: il y a déjà des crayons et un livre avec plein d’images.

Une belle dame entre, nous regarde…. Elle s’adresse à tous, mais je sens qu’elle me parle à moi. Ah son sourire! Je me sens tout de suite en confiance. Je l’entends encore aujourd’hui:

«En calcul cette année, je te propose un exercice inattendu. Tu auras tout le temps qu’il te faut pour te pratiquer, et ça pourrait bien devenir captivant: aimerais-tu apprendre à compter de 8 milliards jusqu’à Un?…»

Ai-je rêvé ça, ou c’est la Vie qui me l’a chuchoté?…

→ …Chuchoté en des mots que seul le cœur peut comprendre

La maîtresse a continué:
«…Disons ça autrement: tu vas apprendre à regarder tous les êtres humains comme des gens de ta tribu. Car ton cœur est capable de l’agrandir comme il le veut …jusqu’à ne plus voir qu’une seule grande famille sur la planète. Tout un défi, penses-tu? …

Rassure-toi: en fait, tu vas commencer à l’envers. D’abord tu vas choisir d’adopter une première personne: supposons cette copine avec qui tu aimes beaucoup jouer à la récréation. …Un autre jour une deuxième: peut-être ce monsieur qui t’a aidé à te relever après une chute à vélo? …Plus tard ça pourra même être ce gamin qui t’énerve au fond de la classe, à parler tout le temps. …Avec le temps il en viendra d’autres…
…Jusqu’à savoir que tu es capable de faire une place même à des gens qui ne voient pas la vie comme toi, même à d’autres qui t’ont fait peur ou t’ont fait mal.»

La démarche qui m’a amené là

Cette allégorie m’a habitée un bout de temps. J’y vois comme une toile de fond derrière deux grandes étapes qui se sont lentement dessinées pour moi.

-D’abord, ma soif d’aimer sans condition s’est délestée d’une couleur morale. Aujourd’hui j’aime à croire que l’amour est tout bonnement ma seule nature, bien cachée, et qu’il n’a pas de limites — sauf si je lui en mets encore.
Et comme dans le même temps j’ai pu vérifier que mes ondes voyagent plus vite que mes paroles, ça m’a fait pratiquer d’appeler la lumière de la Vie en moi, de m’en imprégner jusqu’au gros orteil, puis de l’envoyer quelque part au monde pour lui partager: à un enfant qui joue et me fait cadeau de son rire spontané, à un leader mondial qui pousse à la guerre, à un pays en turbulence,…
Sur le moment je sens monter une énergie.

-Peu à peu je sens que  je passe à une deuxième étape. Mon aspiration à aimer librement, on dirait que je ne peux plus la séparer d’une vision d’unité de la vie: je serais mystérieusement connecté à tout ce qui vit; l’autre serait une partie de moi que je n’ai pas apprivoisée encore. Humm, c’est long! mais ça vient…
Du coup ça m’a donné envie d’amener plus loin ma pratique d’une respiration partagée: maintenant, après une première respiration profonde, où j’ai expiré ma lumière vers quelqu’un ou un peuple au loin, j’explore comme un retour de marée: dans une deuxième respiration, j’inspire à moi ces gens, puis je leur propose — s’ils y sont réceptifs — de se joindre à ma famille intérieure.

De retour à mon rêve…

Que devient mon écolier qui apprend à compter de 8 milliards jusqu’à un?… Qui sait si, au bout de ses respirations partagées, il va finir par s’exclamer: «Hen! j’ai de la place pour tout ce monde-là dans ma tribu?!…»

Denis Breton