Je tire le témoignage qui suit de mon journal du matin. Ça fait suite à une nuit troublée par une sinusite tenace : une intruse qui revient périodiquement frapper à ma porte, et que j’ai décidé d’arriver à décoder.
Malgré que ce soit une expérience bien personnelle, j’ai envie de vous la partager, tellement à mes yeux elle débouche sur un sursaut d’admiration pour les sagesses de la Vie.
→ Par quel bout prendre ça??…
J’en ai arraché cette nuit, côté respiration : mes sinus étaient bien paquetés. Pi-tourne d’un bord, pi-tourne de l’autre : vous connaissez ça, des fois? J’ai cherché à me détendre, à ralentir ma respiration, pour donner sa chance à mon conduit respiratoire de se dégager…
Sur le matin, mon attitude était plus ouverte: j’ai décidé de me mettre en ressenti bienveillant face à mes sinus : «Qu’est-ce que vous cherchez don’ à me dire?…»
Là, j’ai attrapé au vol la première image qui est montée : je suis petit, je vois Maman dans un moment de détresse face à son couple, sans savoir comment la réconforter…
J’envoie de la joie à mes sinus — en fait au petit Denis qui sans doute coupait alors sa respiration: sûrement un réflexe pour ne pas ressentir l’émotion de tristesse, en fait cette impuissance à changer la situation.
Puis je fais pareil avec ma gorge: devant la déprime de ma mère, je m’étais sans doute empêché de parler ou de pleurer. J’en viens aux poumons: ils me parlent de sécrétions à libérer; et derrière, de qui-vive intérieur : je redoutais de voir mon père apparaître dans le décor, au point de me figer moi-même avant qu’il me paralyse.
Entrer en dialogue avec le corps, débusquer la bonne nouvelle…
Dans la matinée, en préparant mon café, je me suis dit que décidément mon corps me parle — même s’il cache bien son jeu! Approchons un peu la loupe…
Les symptômes m’apparaissent localisés juste dans les bons organes: ce n’est pas pour rien qu’ils aient affecté ma respiration. Mon système respiratoire fournit son oxygène au cœur, le vitalise. Dysfonctionnelle, ma sinusite me parle de cette dévitalisation que je me suis imposée, tout-petit: c’est mon élan de vie, ma joie d’enfant que je limitais; et il m’en reste encore des traces.
Pourquoi en suis-je affecté aujourd’hui encore? Je le relie volontiers aux enseignements qui m’inspirent au rayon quête de sens: nous sommes entrés dans cette marche d’éveil, personnel et collectif, où tout ce qui n’est pas traité dans l’amour, ne passera pas la porte: il faut trouver à liquider ces traces émotives.
Un bon matin, j’en suis sûr, je vais réaliser que je respire tout à fait à l’aise …et depuis un bout de temps déjà! D’ici là, j’ai encore besoin de ma loupe, mais déjà je ne m’inquiète plus. Avec le recul, comment ne pas saluer cette fois encore la sagesse de la Vie?…
Denis Breton