On l’a surnommée la folle du Burundi
De quel côté tourner le regard pour espérer encore ?…
Voici un reportage plus que percutant d’Alain Crevier, à l’émission Second Regard de Radio-Canada, auprès d’une femme qui ne vous laissera pas tranquille.
C’est dans l’action que Marguerite Barankitsé a canalisé son espérance en notre siècle — paradoxalement au sortir des atrocités qu’elle a vécues en 1993, au milieu des conflits inter-ethniques qui ont embrasé son pays.
« … Alors j’ai choisi la vie …» résume-t-elle avec un regard allumé. ll semble qu’elle ait redonné espoir et éducation à toute une génération d’enfants, contre vents et marées.
J’ai ré-écouté en boucle cette vidéo (1), tellement son témoignage m’a séduit.
→ Pour Maggy, le sens n’est pas un bricolage de concepts, mais une piscine d’espérance où on plonge à corps perdu, en entraînant d’autres avec soi… «On va allumer la vie au milieu de la mort…» lance-t-elle avec des yeux pétillants. On se prend à croire qu’une personne pareille n’était pas prête à mourir…
« Vaut mieux allumer une bougie que maudire les ténèbres »
Je pense que si j’avais devant moi une personne qui me parle d’un projet de suicide ou de vengeance, je la garderais 18 minutes de plus avec moi, le temps de visionner avec elle cette vidéo. Je parie qu’elle n’aura plus tout à fait la même énergie pour passer à l’acte…
Il n’y a qu’un mot pour qualifier le volte-face qui s’est opéré pour Maggy : résilience. Elle me rappelle d’ailleurs ce livre captivant de Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, qui témoignait de la capacité étonnante à rebondir qu’un être humain est capable de déployer au cœur du drame.
Comment la folle du Burundi a-t-elle réagi à son surnom? Je vous laisse savourer le ton espiègle qu’a pris Maggy pour répondre au journaliste : « …C’est cette folie là, mais une belle folie, que j’aimerais bien qu’elle contamine tout le monde …tout le monde sans exception, à commencer par vous! »
Elle a choisi sa contamination : créé la Maison Shalom — un oasis de paix et de fraternité voué à l’éducation, à la formation professionnelle, au relèvement psycho-social d’un grand nombre. De l’espoir en actes.
Au fait, que dit-elle à propos de l’état du monde ?
«…Mais c’est un monde aussi… c’est un siècle de générosité. Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui s’il n’y avait pas eu des personnes même individuelles qui ont dit ‘’…basta ! trop c’est trop !… on va aussi suivre cette folie …” » Et c’est ça qui fait que le monde du 21e siècle est un siècle extraordinaire…»
Denis Breton
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(1) Le reportage (18 min.): À partir de ce lien, cliquer sur ‘Entrevue avec Maggy Barankitsé‘: https://ici.radio-canada.ca/tele/second-regard/2016-2017/espacevideo/les10grandesentrevues
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