«L’horizon se déplace avec nous»
Claire Hélie
Si vous avez lu l’article Vos récoltes sont-elles ce que vous attendiez?… , vous serez en mesure d’accueillir avec bonheur celui-ci, sur la visualisation créatrice: il prend sa suite, cette fois dans l’action.
La raison pour visualiser : se rappeler que ce qui nous arrive aujourd’hui est le résultat de nos semences d’hier.
La façon de le faire, à son plus simple…
→ Il s’agit de formuler une intention sincère, d’en déclencher l’émotion, d’y concentrer notre attention.
Si on part de ce qui nous a fait mal, c’est seulement pour nommer une soif que ça nous fait conscientiser. C’est à elle qu’il faut donner de l’énergie.
La clé est simple aussi, mais elle demande vigilance: créer du neuf sans tarder! Concentrer notre attention sur ce que nous désirons: «Qu’est-ce qui goûterait bon, là tout de suite?…» Voilà une question à nous poser. Et puis mettre la réalisation de ce désir à l’agenda …de notre danse de la vie.
L’enfant sait d’instinct se poser cette question: avez-vous des souvenir d’enfance où vous désiriez ardemment un certain cadeau de Noël — pour moi, c’était un train électrique. Vous vous endormiez avec ce rêve, et il vous attendait au réveil!
Ou vous rappelez-vous d’une expérience du même genre arrivée à un de vos enfants, ou petits-enfants: il le dansait et vous secouait pour l’obtenir: «Papa… Mamie, dis oui!…»
Une expériences peu banale, parmi plusieurs…
Laissez-moi vous raconter une anecdote personnelle. Celle-ci et d’autres sur le parcours m’ont mis à tout jamais dans l’état d’esprit de croire à la visualisation créatrice.
L’événement nous est arrivé, ma compagne et moi, au moment de chercher une maison plus grande. Nous avions en effet accueilli Daniel, un beau bonhomme de 9 ans, dont la mère n’était pas en situation d’être avec lui en permanence. Notre cinq-pièces devenait pas mal serré, avec trois autres enfants à bord.
Un dimanche, promenade dans une banlieue environnante: nous identifions des maisons à vendre, sans en visiter aucune… En chemin de retour, sursaut: «Et si nous tournions vers le village voisin?…»: même exploration… Le lundi, chacun reprend son rythme. En sortant du travail, tout d’un coup l’idée me vient de changer de circuit d’autobus pour en savoir plus à propos de ce village. Je m’assois sur le seul siège disponible, à côté d’un homme avec qui la conversation finit par s’engager: «Connaîtriez-vous…?» D’abord dubitatif, il se rappelle un couple âgé… «…Ah! ouaih… l’homme vient de décéder… Il y a deux maisons sur ce terrain…» Nouveau sursaut pour moi entendant ça: nous cherchions justement le contexte pour démarrer un projet communautaire!
Je fais du pouce pour entrer chez nous, non desservi par ce circuit d’autobus. J’arrive à la maison: mon épouse qui n’avait pas le temps de lire les journaux était attablée devant un journal régional, la page ouverte aux maisons à vendre. Elle avait entouré la photo d’une maison, une seule: c’était la même…
Des expériences semblables me sont arrivées plusieurs fois. Avec le recul, j’ai pu constater que c’était dans des moments où je me sentais en phase avec la vie, où j’enfantais les choses au lieu de les forcer.
Quelques clés de succès
Réconforté par de tels clins d’œil de la vie, j’ai cru comprendre que la visualisation créatrice est en fait une création à partir du cœur, tellement plus que de la tête. Ça m’a donné envie de la pratiquer davantage. À partir de mon expérience et d’autres sources, je me suis tiré ce portrait sur ce qui peut lui donner son efficacité:
- Respirer en profondeur, ressentir le bien-être de respirer; à l’inspiration, se remplir de la joie de la vie; à l’expiration, diffuser cette joie à toutes nos cellules;
- Faire plus que penser à notre désir: en créer le ressenti et l’émotion en nous — comme dans l’exemple de l’enfant qui convoite un cadeau: il s’en habite corps-et-âme, il devient son désir, il entoure de tendresse le résultat convoité;
- le voir réalisé déjà, comme prendre notre bain dedans; imaginer les composantes pour tous nos sens: les saveurs… les formes… les couleurs… la chaleur qui se dégage… la place dans l’espace… le bien-être éprouvé à le vivre enfin…;
- formuler le souhait que la réalisation de notre désir soit bénéfique pour le Tout;
- kidnapper la Vie en la remerciant par avance, en nous rappelant qu’Elle ne veut que le meilleur pour nous;
- aligner le désir avec mes valeurs les plus hautes, et ce que je souhaite plus largement de la vie, ex.: ses fruits peuvent être durables s’ils sont étrangers à la vérité ou à l’amour?…;
- sans rien forcer, voir s’il y aurait des actions périphériques pouvant soutenir cette réalisation, ex.: l’illustrer, lire sur le sujet, en parler autour de soi… «Aide-toi et le Ciel t’aidera…»
- Lâcher prise sur le résultat: «La semence est mon affaire, la récolte est l’affaire de la Vie…» Elle connaît mieux la manière ou le moment propices…
- Lorsque le contexte s’y prête, se réunir à plusieurs pour une même visualisation : le résultat ne sera pas additionnel, mais multiplié, à cause de la mise en synergie d’une même intention.
Les applications de la visualisation créatrice
Maintenant qu’on voit mieux de quoi il s’agit, on ne s’étonnera pas que la visualisation créatrice puisse servir à de multiples buts. Voyons un peu :
– Le destinataire. Ça peut être pour faire venir à soi une expérience globale de la vie qui nous enchante davantage, ou un événement précis dont on rêve de tout cœur — un projet, une relation amoureuse, un emploi, etc.
Et pourquoi ce ne serait pas d’envoyer de la lumière ou de la tendresse à quelqu’un d’autre : une personne chère qui vit une situation difficile, une communauté humaine aux prises avec une intempérie — pensons à l’Australie en début de l’année 2020.
– L’époque. Ça peut être pour créer de nouveaux projets dans le futur, mais aussi bien pour se guérir d’un passé douloureux ou aider quelqu’un d’autre à se réconcilier avec lui-même ou avec nous.
Tout ça parce qu’une expérience vécue dans l’amour ou la lumière cesse d’être conditionnée par le temps ou l’espace. Et parce qu’au fond, nous sommes tous et toujours connectés les uns aux autres.
L’important, bien sûr, c’est qu’on visualise le meilleur, tout comme on arrose une plante qu’on veut voir pousser. Et non qu’on utilise le passé pour s’apitoyer, ou le futur pour le craindre.
Avec le recul…
Notre visualisation a la capacité d’être créatrice parce qu’elle tient à notre nature même: nous sommes les créateurs de notre vie, le Divin l’a voulu ainsi.
C’est d’abord de refuser de nous considérer victimes. L’énergie préservée devient disponible pour faire du neuf.
Et c’est de tendre à la Vie un plus grand bocal pour ses cadeaux: là est notre pouvoir, là résident les soit-disant miracles…
«Sky is the limit»? Ce dicton veut en fait nous amener à repousser toute limite : l’horizon de notre créativité n’en a pas encore trouvé. Seules nos peurs de la vie nous en fabriquent, et elles sont solubles dans l’audace…
Attention, ça ne vient pas du premier coup, il faut pratiquer. La visualisation exige une qualité de présence dans l’instant, et un état d’esprit de partenaire avec la Vie au quotidien. À mesure qu’on persévère et qu’on en voit des résultats palpables, quelque chose change en nous: on se surprend à croire que nous sommes décidément un maillon dans la chaîne du Divin… Ω