Notre expérience humaine jusqu’ici, largement une aventure de survie sous la loi du plus fort, nous a appris à vouloir être le premier partout : au sport, en classe, en vedette, et même au magasin pour trouver du papier de toilette avant qu’il n’en reste plus. De quoi nous rassurer sur notre valeur, contrôler avant d’être contrôlé, avoir avant de manquer.
Au fil de l’épidémie récente, des initiatives de compassion et de service nous ont étonnés : des gens ont écouté leur cœur en premier, ils ont cessé d’avoir peur de l’autre : d’autres possibles sont apparus, ils nous inspirent pour demain.
Le temps serait-il venu de réinventer le sens d’être le premier, d’une façon où tout le monde y gagne ?… Le premier à oser, à tendre une perche : à l’inconnu, au méfiant, au récalcitrant. S’il sursaute, se met à ressentir qu’il est plus beau qu’il le croyait, plus attiré à grandir qu’il le croyait, plus capable de solidarité qu’il le croyait — une manche vient de se gagner pour tout le monde.
Denis Breton